L’Institut Psychanalyse et Management, fondé en 1992, est une des plus anciennes associations académiques françaises dont les travaux couvrent à la fois les champs de la psychanalyse et du management. Il mobilise des universitaires, des psychanalystes et des professionnels de la gestion des organisations. Ses recherches et ses études sont présentées dans le cadre de congrès et de colloques interdisciplinaires. Elles sont publiées dans la revue Psychanalyse et Management, ainsi que dans diverses publications scientifiques principalement francophones. Les dernières thématiques soulevées par l’IPM ont ainsi porté sur les métamorphoses du management, les temporalités paradoxales des entreprises, les nouvelles formes de l’innovation managériale, les nouvelles dynamiques du travail, la résistance et la résilience des organisations, les interactions entre l’Intelligence artificielle et l’intelligence humaine, les nouvelles formes d’emprise et d’autorité au sein des organisations …
Ses travaux soulèvent des problématiques, observent des terrains et engagent des méthodologies spécifiques afin de mieux répondre aux principaux questionnements posés par la confrontation de la société civile, des institutions, des organisations, des groupes et des acteurs- sujets contemporains, aux syndromes qualifiés de VUCA (volatilité, incertitude, complexité et ambiguïté) et BANI (fragilité, anxiogène, non linéaire, incompréhensible).
Les approches des problématiques par l’IPM
Le traitement des problématiques soulevées par les chercheurs de l’IPM implique de convoquer des concepts et des heuristiques d’inspiration psychanalytique, portant notamment sur les facteurs, les formes et les effets de l’agir managérial et du changement organisationnel. Ce traitement mobilise les concepts fondateurs de la psychanalyse dans toute sa pluralité, comme le désir, le symbolique, l’imaginaire, le transfert, l’émotion, les pulsions, le refoulement, le traumatisme, le symptôme, l’angoisse, la souffrance …
Les recherches de l’IPM portent notamment sur :
– Les représentations conscientes et les réactions inconscientes individuelles et collectives face aux diverses crises, transitions sociales et mutations culturelles qui se conjuguent et s’accélèrent depuis le tournant du siècle.
– Les impacts psycho-analytiques, sociaux et sociétaux du développement des technologies numériques et des nouvelles formes de gouvernance des institutions, de management des organisations et de gouvernementalité de leurs acteurs ;
– Les connaissances tacites, les compétences implicites, les comportements non documentés et les arrangements organisationnels au sein des entreprises, des administrations et des associations, qui constituent l’essentiel de leurs ressources immatérielles ;
– Les biais cognitifs, émotionnels et perceptuels sous-jacents aux paradigmes, aux logiques, aux modèles, au langage, aux processus et aux pratiques paradoxaux ou ambivalents, engendrés par les applications d’IA numérique et générative.
Les approches des terrains d’action et d’observation par l’IPM
Les recherches de l’IPM ciblent en priorité les terrains marqués par de forts impacts psychologiques et psychanalytiques :
– Les sujets en situation de travail soumis à l’emprise des « systèmes paradoxants » suscités par des injonctions paradoxales et des technologies numériques opaques;
– Les groupes et les organisations soumis aux nouveaux modèles alternatifs « d’entreprise phygitalisée, flexible, connectée, inclusive, libérée, virtuelle… » ;
– Les projets et les entreprises confrontés à des situations de crise, d’échec, de fusion ou scission, de réorganisation…
Les approches épistémologiques de l’IPM
L’IPM mobilise des méthodologies de recherche adaptées aux subjectivités et aux intersubjectivités contemporaines. Il s’efforce de dépasser les approches quantitatives et qualitatives généralement adoptées par les chercheurs des différentes sciences de gestion et notamment de la GRH. Depuis 30 ans, les chercheurs de l‘IPM ont soulevé la question de la réflexivité de leurs pratiques en testant de multiples méthodes d’inspiration analytique. Ils ont ainsi observé l’agir managérial et le changement organisationnel, à l’aide de méthodes psycho-analytiques (Tavistock Institute), de diagnostics d’inspiration psychanalytique (Ketz de Vries), d’analyse dialectique (Pagès), d’intervention analytique (Anzieu), de psychosociologie (Enriquez), d’analyse groupale (Kaes), de psychodynamique (Dejours) et de méta-analyses documentaires faisant appel à la théorie de la traduction (Callon, Latour). Les travaux de l’IPM mobilisent notamment certains concepts initiés par Lacan et Castoriadis, afin d’analyser les dimensions symbolique et imaginaire des institutions et des organisations. Ils pratiquent notamment des analyses du langage managérial (Gori) à l’aide de modèles inspirés de l’expérience psychanalytique (Boudon), comme l’analyse sémantique structurale, l’analyse logico-sémantique, l’analyse logico-esthétique ou stylistique, les modèles lexicométriques, argumentatifs et proximétriques … qui visent à mieux cartographier les champs cognitifs et émotionnels sous tendant les discours. Ces outils peu utilisés par les chercheurs en gestion, s’efforcent de détecter les nœuds sémantiques puis de classer les correspondances lexicales, les axes temporels, spatiaux et modaux des discours. Ils détectent également les postures déitiques internes (le Moi) et externes (le Nous) des locuteurs, et permettent de positionner ces derniers dans des groupes-types de sujets- acteurs, comme les « cités », les « communautés » ou les « mondes ». Ils cherchent donc à mieux analyser les contenus implicites des discours et à cerner les écosphères des locuteurs ou les communautés de sens des groupes d’acteurs et sujets.
Par ses travaux, l’IPM s’efforce ainsi de montrer que « la psychanalyse manque de plus en plus aux sciences humaines » (Freud, Lacan…), notamment à la GRH et de l’ADERSE.