Vœux pour l’année 2020 : l’éditorial du Nouvel An
« Agitare jumenta » ou « l’entreprise agitée »
L’entreprise agitée : peut-être le pendant de l’entreprise agile et tous autres du même acabit… !
Les fondements idéologiques de l’entreprise sont-ils en train de se transformer ?
L’entreprise de demain sera-t-elle une entreprise H+ ?
Tant le progrès technoscientifique et technologique permettra d’anticiper les changements attendus pour le développement de l’économie marchande sur le plan de la condition humaine.
Tant la rupture des polarités historiques, par exemple « droite/gauche », fait le lit coalescent du libertarianisme… et de l’économie marchande sur l’économie humaine…
La route de la servitude semble engagée, même en France, s’il apparaît que les doctrines minarchistes et les doctrines du conditionnement opérant sont insidieusement à l’œuvre ?
Nous, humains, ne serions plus que des molécules, à savoir les structures de base de la matière marchande. Les grandes idées humanistes promulguées par les courants de libération du Siècle des Lumières se trouveraient perverties, non à notre insu certes, mais on ne pourra pas dire qu’on ne savait pas…
Servitude volontaire. Nous y avons œuvré…
Le marché définira les assemblages dûment tamisés en catégories de consommateurs. Nous serons tous libres, tous coopérants, liés et asservis dans nos cages respectives pour servir des intérêts restreints, y compris pour y dormir d’ailleurs, mais manipulés et en rééducation permanente… Nous parlerons tous le même langage avec les mêmes formules apprises dès le jeune âge… Les algorithmes d’Analyse Appliquée du Comportement contrôleront les seules conduites humaines observables pour les accommoder au développement du commerce et de l’ordre social marchand. Les entreprises en développeront l’usage pour le management des situations de travail à distance (le chercheur en management devrait s’en préoccuper). Les écoles prépareront au développement des apprentissages programmés. Le social sera la variable macro-économique de punition, officiellement justifié par le développement des Troubles Envahissants du Développement. Nous ne ferons pas fortune évidemment. A côté de la misère du monde, il n’y a déjà plus, dans le monde que 10 % de la population qui possèdent 92 % de la richesse et 5% qui en possèdent 50 %. Limitons là à dessein l’hypotypose de ce tableau sinistre. Car pour nous chercheurs en management, la question est :
Quel avenir pour les sciences de gestion et pour le management ?
En leur principe, elles contribuent au salut de l’humanité…
Accorderont-elles leur miséricorde et contribueront-elles au retournement des situations perverses ?
On croit que… Avec le temps, ce qui se révèle est toujours l’ombre de ce que l’on croit…
Ce qui advient appelle son contraire… et tant que, c’est que l’humain est toujours à l’œuvre… pour renverser les tendances et dessiller leur œuvre perverse…
Toute tendance appelle « l’apparition de la contre-proposition inconsciente, notamment dans le déroulement temporel. Ce phénomène caractéristique se produit presque toujours lorsqu’une tendance extrêmement unilatérale domine la vie consciente, de sorte que peu à peu il se constitue une attitude opposée tout aussi stable dans l’inconscient : elle se manifeste d’abord par une inhibition du rendement conscient puis interrompra son orientation trop unilatérale » (C.G. Jung, 1920). En tenir compte dans les négociations et dans les régulations ne serait pas vain…
Que nos vœux de bonne année œuvrent en expectance de ce destin…
Bonne année à toutes et à tous …
Daniel Bonnet
Président de l’I.P&M